Loin des feux de la rampe, le procès contre le directeur du port autonome de Douala, Cyrus Ngo’o, prend un nouveau tournant. L’influent membre du RDPC, qui a échappé pour la première fois à une arrestation spectaculaire grâce à l’intervention de Paul Biya et Mbarga Nguelle, offre à nouveau un sursis.
Le journal Kalara révèle que le directeur du Port autonome de Douala a réussi à récuser les juges en charge de son dossier. Il sentait qu’ils agissaient sous pression. Le président de la Cour suprême lui a emboîté le pas et a ordonné la suspension de l’affaire Nasser Bou Hadir contre lui.
« Saisi par le DG du PAG qui estime que les juges de Douala subissent des pressions dans le procès qui l’oppose à l’homme d’affaires Nassar Bou Hadir, le premier président de la Cour suprême suspend l’examen de l’affaire par le président et les magistrats de la Cour d’appel du Littoral. La formation des chambres réunies de la haute juridiction appelée à se prononcer », révèle le journal.
Pour rappel, Nassar Bou Hadir, le directeur général de la société forestière Canas Bois, propriétaire d’une zone aménagée pour le stockage dans la zone portuaire de Douala, avait intenté une assignation directe contre le Dg du Pad. En effet, il se dit surpris d’avoir reçu certains individus agissant au nom et pour le compte du Pad qui ont apposé des scellés sur la porte principale du plaignant. Une situation qui nuit gravement à Canabois et à toutes les autres entreprises détenues par des Camerounais d’origine libanaise. A l’origine, la nouvelle tarification des charges locatives imposée à ces investisseurs par Cyrus Ngo’o, qui ciblait clairement les entreprises concernées par ce que beaucoup jugent suicidaire.
Paul Biya
Le magazine panafricain Jeune Afrique confirme son intention d’arrêter le directeur général du port autonome de Douala, Cyrus Ngo’o, le 19 mai à l’aéroport de Douala. Le haut fonctionnaire, qui a écourté son séjour au Canada en raison de problèmes de santé, a été accueilli à l’aéroport par des policiers prêts à l’embarquer. Selon Jeune Afrique, la puissance économique et financière de Cyrus Ngo’o a joué en sa faveur. Par mesure de précaution, la police a demandé une confirmation définitive de la hiérarchie avant d’intervenir.
« Mais Cyrus Ngo’o n’est pas n’importe qui. Haut cadre de l’administration, il jouit de puissants réseaux au sein de l’appareil étatique. C’est aussi un financier important du Rassemblement démocratique du peuple camerounais (RDPC, au pouvoir) dans le département du Haut-Nyong (Est), et il passe pour être l’un des barons de la capitale économique du pays. Prudente, la délégation régionale de la police judiciaire du Littoral préfère donc requérir l’avis des hautes autorités du pays avant d’entreprendre quoi que ce soit. Selon nos informations, un fax est envoyé à la direction générale de la Sûreté nationale, à Yaoundé », rapporte le journal.
Jeune Afrique précise que l’ordre de ne pas inquiéter Cyrus Ngo’o est finalement venu de la présidence de la République. S’il est difficile d’affirmer que les consignes sont venues directement de Paul Biya, l’amitié entre le directeur général du port de Douala et Ferdinand Ngoh Ngoh, le secrétaire général du port autonome de Douala, n’est plus à démontrer.
« C’est finalement de la présidence de la République que viennent les instructions : dès le 18 mai, ordre est donné aux agents de police de surseoir à l’arrestation. Aucune raison officielle n’est précisée, mais la proximité de Cyrus Ngo’o avec le tout-puissant secrétaire général de la présidence est de notoriété publique. Ferdinand Ngoh Ngoh figure même parmi ses principaux soutiens. Les autorités ont-elles voulu s’éviter un nouveau scénario à la Bapès Bapès, du nom de l’ancien ministre des Enseignements secondaires, arrêté un jour d’avril 2014 et relâché quelques heures plus tard sur ordre de Paul Biya ? », précise Jeune Afrique.
De retour chez lui, Cyrus Ngo’o a pris quelques jours de repos pour se faire soigner dans une clinique de la capitale économique du Cameroun. Gradué au lit, il manque la cérémonie du 20 mai, mais reprend ses fonctions le 24 mai en beauté. Quelques jours plus tard, une lettre de recherche sera émise contre lui, sans vraiment l’inquiéter. Cyrus serait désormais hors de portée de ses détracteurs.
ref: camerounweb