Zoom sur la semaine qui s’est terminée, exposant dans toute sa dureté la peur associée à la fugacité des faits d’insécurité au Cameroun.
Appelons-les faits isolés pour nous donner bonne conscience. Tant mieux si cela peut flatter nos attentes calculées et égoïstes. Tant mieux si ce qu’on appelle la volatilité n’est qu’un épiphénomène. A Ngousso, dans la ville de Yaoundé, une vidéo virale sur les réseaux sociaux présente une scène surréaliste. Un policier se tient devant une berline blanche et demande visiblement au chauffeur de lui remettre les documents dans le cadre des ordres souverains de la police. L’utilisateur boulonné au volant de son véhicule n’ose pas s’y conformer. Il pousse un moment le policier avec son véhicule, le trouve et parvient à le renverser et se renverse sur lui. Il accélère et s’éloigne comme s’il avait croisé un morceau de bois en travers de la route, avec un émerveillement total. Un signe qui en dit long sur la pourriture de l’autorité des personnes qui incarnent le pouvoir public dans notre société. Un proverbe bien inspiré de la Bible dit que la peur du gendarme ou de l’homme en civil est le commencement de la sagesse.
Alors, notre société devient-elle stupide et stupide ? Dans tous les pays où la guerre civile a fait des ravages, le premier indice des premiers séismes du volcan a toujours été la banalisation de l’autorité, la déresponsabilisation de la puissance publique. C’est toujours ainsi que les sociologues et les polémologues avertis voient venir dans le temps les explosions les plus meurtrières. Que ce soit pendant la guerre civile au Congo-Brazzaville, au Tchad ou en Côte d’Ivoire pour ne citer qu’eux, l’image du policier d’abord et des hommes en uniforme a été abondamment bafouée. De ce point de vue, la faillite du pouvoir et de la peur qui inspire la tenue est de grave et de mauvais augure. Mais nos hommes sont-ils jusqu’ici exempts de tout reproche ? Ne cèdent-ils pas rapidement à toutes sortes de pulsions ?
Et pire, nous attendons résolument le sort qui sera réservé à ce citoyen fou qui a cru devoir écraser un homme en uniforme. Le déclencheur facile Si l’on se plaignait encore de la légèreté de Ngousso, c’est peut-être sur tout le territoire national que Bana dans le Haut-Nkam s’est fait remarquer de la plus sinistre des manières.
Un homme en uniforme, lors d’un conflit foncier dans le village de feu Kadji Defosso de mémoire tardive, prend son pistolet et tire froidement sur un jeune homme. Surprise totale doublée d’incompréhension. Même en supposant que la victime était en possession d’un couteau avec des lames comme une machette, n’y avait-il pas une possibilité de la blesser au maximum pour la désarmer ? Comment expliquer cette affection maladive d’hommes habillés pour prendre la vie de civils ? Récemment c’était à Bafoussam. Une dame en uniforme surprend des jeunes lors d’un jeu de cartes. Lorsque les jeunes s’enfuient, dit-on par peur de la gendarmette, elle dessine et tire à bout portant sur le jeune étudiant en médecine. Ce dernier s’effondre et meurt sur le coup. Le reste, on le sait..
Comme à Bana, il n’y aura pas de publicité pédagogique dans le sens de discipliner ceux qui aiment tirer sur tout ce qui bouge. Après l’accident, le préfet du Haut-Nkam a appelé au calme, même s’il a reconnu une bourde policière au passage. Acte. Mais et maintenant ? Toute la ville de Bafang a vécu un week-end très tendu après cette bavure policière. En multipliant de telles bévues, il va sans dire que les hommes en uniforme s’élargissent à leur manière un peu plus, le gouffre qui les sépare de la populace. Et c’est l’autre signe mortel de paix dans un pays. Il n’y a rien de si grave à connaître une population collaborant au renseignement avec l’ennemi de la puissance publique. Et avec la tenaille, il faut bien l’avouer, le désespoir entre les hommes en uniforme, pris dans son ensemble, et la population, vient justement de cette faille. L’acte infâme de Bana, la disgrâce du fonctionnaire, est un sacrilège dont la République ne peut pas vivre longtemps. Encore moins la mauvaise nonchalance des citoyens envers le gendarme. Et n’importe qui aurait compris que l’explosion chasse la paix, surtout quand il s’agit de cocktails Molotov.
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