La loi du 11 juillet 2018 portant régime financier de l’Etat et des autres entités publiques apporte de nombreuses innovations dans la programmation du budget de l’Etat au Cameroun. Les parlementaires ont depuis eu l’occasion de mettre le doigt sur la préparation du budget.
En filtrant les rapports du Débat d’orientation budgétaire (DOB) de la session de juin en cours jusqu’à la préparation de la loi de finances 2022, il semble que l’État souhaite vraiment que le paradigme de la préparation du budget soit changé pour s’y tenir à l’ère du temps ou 5649,7 milliards de francs CFA. Il n’est pas superflu de rappeler que l’environnement économique national caractérisé notamment par des détournements de fonds publics, une crise sanitaire liée à la pandémie de Covid-19 et une insécurité persistante aux frontières est défavorable. Cette situation oblige le gouvernement à prendre des mesures d’ajustement majeures qui doivent nécessairement avoir un impact sur la structure budgétaire.
Pour l’exercice 2022, le budget vise à prendre en compte à la fois le souci de renforcer la résilience de l’économie en poursuivant la mise en œuvre de la Stratégie Nationale de Développement 2020-2030, et la rationalisation des dépenses publiques. Cependant, il y a un vrai problème, celui de la corruption. « C’est un peu comme un serpent de mer, c’est un cercle vicieux. Le système se nourrit de corruption, tout comme la corruption elle-même utilise le système. Alors sur cette question, le système permet à certaines pratiques de corruption de prospérer car elles permettent au système de fonctionner, de plus, on m’a dit que la corruption est un régulateur social, je vous donne à tel et j’en passe », a expliqué M. Charles Nguni, ancien président de Transparency International.
espoir et espoir
En réalité, le pays devra revoir sa politique de gestion. Et pourtant, lorsqu’il s’agit de renforcer voire d’accélérer la croissance, le chef de l’Etat a toujours prescrit les acteurs pour la rendre plus forte, plus durable, plus inclusive et créatrice d’emplois. Dans ce contexte, le budget devra alors se concentrer sur certains moyens d’action prioritaires. Plus précisément, cet aspect de l’action gouvernementale devrait s’appuyer sur la poursuite physique de la construction et la mise en service de grands projets structurants de première génération. La réalisation des projets liés à Can 2022 et l’opérationnalisation du plan triennal « spécial jeunesse ».
Ces objectifs ne peuvent être atteints que si une politique budgétaire cohérente est poursuivie. « En termes de normes de dépenses ou de recettes, cela conduit à une augmentation des dépenses fiscales sur les dépenses, qui n’est pas prise en compte, alors qu’en termes de recettes c’est contre-productif : cela conduit le gouvernement à augmenter le déficit au lieu d’augmenter les impôts. », précise Emmanuel Yangam, ingénieur-statisticien-économiste. Celui-ci doit donc être présenté parmi les héros d’un engagement de résultat dans la mise en œuvre des politiques publiques, avec en prime le strict respect de la discipline budgétaire dans la gestion des ressources. Ainsi, côté recettes, le curseur de la politique budgétaire restera bien sûr sur la logique de l’avantage fiscal, mais selon le Dob, l’objectif principal reste la mobilisation optimale des recettes fiscales.