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Ludo De Witte, le chercheur qui repousse les limites en Belgique

Qui est Ludo De Witte, l’auteur belge d’une enquête retentissante sur le meurtre de Patrice Lumumba en 1999 ? En octobre, il signe un nouveau livre sur l’assassinat du père de l’indépendance au Burundi en 1961. Une fois de plus, il s’est plongé dans le passé colonial belge pour identifier les responsabilités.

Ludo De Witte a écrit son premier livre, Crise au Congo (Van Halewyck) en 1996, à l’âge de 40 ans. L’ouvrage non traduit porte ce sous-titre éloquent :  » Le rôle des Nations Unies, du gouvernement Eyskens et de la maison royale dans la disparition de Lumumba et l’arrivée de Mobutu Cette thèse, cinq années doctorales en plus de la fonction de fonctionnaire, s’inscrit dans le cadre du début de ses recherches sur la décolonisation au Congo, ancienne propriété privée du roi Léopold II.

Ce qui anime ce jeune Flamand à l’esprit un peu rebelle, défenseur des Rolling Stones contre les Beatles et grand amateur de jazz, sans autre lien avec l’histoire coloniale de la Belgique que celle qu’il a établie avec ses voisins, bons pères du Sacré-Cœur qui sont allés en Afrique centrale ? Tout commence pour lui par une conférence, Moise Tshombe et les arnaques katangaises, écrit en 1966 par Jules Chomé, avocat belge et partisan de Lumumba.

« J’ai été surpris de constater que le meurtre le plus important du 20ème siècle sur l’Afrique n’a pas été résolu », explique Ludo De Witte – un patronyme qui signifie « blanc » en néerlandais. Curieux, il commence à enquêter et «  tomber dans le sujet « Cela jette déjà les bases d’une enquête sur la responsabilité de l’Occident, qui à l’époque n’était pas très médiatisée. » Le roi Beaudouin n’était pas mort depuis longtemps, il avait un statut presque intouchable, un peu comme un saint, et Mobutu était toujours vivant, il explique. La démocratie chrétienne, qui avait joué un rôle majeur dans cette affaire, était au pouvoir. »

Quand apparaîtra Le meurtre de Lumumba en 1999, le contexte change radicalement : Mobutu tombe, la guerre fait rage dans l’ex-Zaïre et les démocrates-chrétiens ne sont plus au pouvoir à Bruxelles. L’enquête détaillée, réalisée à partir des archives des Nations Unies à New York et du ministère belge des Affaires étrangères, donne des noms et révèle la responsabilité directe de la Belgique.

Un crime d’État

Ce livre, traduit en sept langues, dont le français à Khartala en 2000 – l’année de la sortie du film Lumumba de Raoul Peck, dont Ludo De Witte se liera d’amitié – fait l’effet d’une bombe. Le public apprend comment le corps de Lumumba a été démembré et dissous dans de l’acide sulfurique. L’un des hommes qui fit ce « travail » garda deux dents et une phalange du père de l’indépendance.

Gérard Soete, le commissaire de police belge qui a été impliqué dans la manœuvre, le confirme à la télévision, qui a fait sensation en République démocratique du Congo (RDC).  » Il a été très difficile pour le ministre des Affaires étrangères Louis Michel de mener à bien son projet de réconciliation entre les différentes factions et gouvernements, alors que la Seconde Guerre du Congo faisait rage, sans évoquer ni expliquer ce crime d’État. Il a été contraint de mettre sur pied une commission parlementaire dont le but n’était pas de faire la lumière sur l’affaire, mais de traiter ces allégations.. Ludo De Witte veut prouver que lors de la création de la commission en 2001, le même ministre a fermé les archives des Affaires étrangères à toutes les recherches sur le Congo, le Rwanda et le Burundi.

La commission parlementaire conclut que « responsabilité morale « , pas de Belgique mais de » certains membres du gouvernement belge et d’autres acteurs belges « . La formule est pratique : elle n’a pas de conséquences juridiques, et surtout pas pénales. La raison ? » L’assassinat de Lumumba ayant permis la montée de Mobutu et de sa dictature, une responsabilité belge établie aurait ouvert la porte à une indemnisation massive. », précise Ludo De Witte.

« Critique du capitalisme »

Louis Michel présente ses excuses au peuple congolais en 2002. Le sociologue, pour sa part, poursuit sa carrière avec d’autres sujets. Trois ans après les attentats du 11 septembre, il publie : Qui a peur des musulmans, commentaires sur Dyab Abou Jahjah, Ethnocentrisme et islamophobie (Van Halewyck, 2004), sur la figure du fondateur d’un mouvement démocrate musulman, et la répression étatique qui a suivi.

Trier en 2014 Mercenaires, agents secrets et diplomates, traduit sous le titre par L’ascension de Mobutu (Investig’Action, 2017). Puis, en néerlandais et en français (2017 et 2019), Quand le dernier arbre sera abattu, nous mangerons notre argent : le capitalisme contre la terre (éditions EPO et Investig’Action). Pour lui, tout est cohérent :  » J’ai fait une livre en plus des recherches sur Lumumba, un autre sur l’islamophobie, liée à l’exploitation continue de la périphérie par le centre du monde, puis un livre sur le changement climatique, qui plaide pour un bond vers un système plus équilibré. C’est une critique du capitalisme. »

Pendant ce temps, l’affaire Lumumba le rattrape. Les enfants du père d’Indépendance ont porté plainte en 2011 contre 12 Belges impliqués dans le meurtre. En 2016, un journaliste contacte Ludo De Witte : la fille désormais décédée de Soete lui a montré  » bête Ce qu’elle a trouvé dans l’héritage de son père, une dent. Ludo De Witte porte plainte pour recel, une perquisition est ordonnée, la dent tombe entre les mains de la justice quelques restes des restes le Lumumba, qui sera officiellement enterré par la RDC. Cette implication, rare pour un chercheur, débouche également sur un rôle concret pour les avocats de la famille, qui lui demandent de record historique sur laquelle la plainte sera fondée.

Recherche maladroite

En 2018, Ludo De Witte a été invité à une cérémonie à la mairie de Bruxelles, à l’occasion de l’inauguration du carré Lumumba. Un débat est prévu :  » Lumumba et la lutte contre l’impérialisme : idéaux, principes d’égalité et de justice ; Le combat maladroit ? Fichiers non-dits et cachés Puis son invitation est annulée. Des organisations d’ascendance africaine dénoncent la censure. L’un des invités de marque, Raoul Peck, intervient. Ludo De Witte est réinvité et le maire s’excuse.  » Le processus ne me surprend pasl’écrivain répond. Des parties importantes de l’établissement se méfient de moi. La diplomatie belge est très réticente à faire face aux crimes dans lesquels elle est impliquée ».

Dans son dernier livre, Meurtre au Burundi, en Belgique et le meurtre de Rwagasore (Investig’Action, 2021), il cite des exemples de censure de documents par le ministère des Affaires étrangères.  » C’est comme si un musicien devait jouer du Bach sans Do et La. Les trous dans les archives sont énormes Autre constat : les points chauds de la colonisation et de la décolonisation ont été révélés par des chercheurs extérieurs à l’académie comme lui.Il cite le diplomate irlandais Roger Casement, dont le rapport sur les exactions au Congo en 1903 a déclenché un scandale et conduit à une commission d’enquête, Jules Marchal, diplomate belge à la retraite, auteur de plusieurs ouvrages sur le travail forcé pendant la colonisation au Congo.

En conclusion, le chercheur lance :  » J’ai honte! On sait depuis 1987 que la Belgique a joué un rôle dans l’assassinat de Rwagasore, car le résident général belge du Rwanda-Burundi a admis dans ses mémoires que l’administration coloniale avait expliqué à l’opposition burundaise qu’elle se réjouirait de sa mort et la couvrirait . Mais le monde académique a regardé ailleurs ! « . Et de poursuivre une élite dont  » la nature Il dit, soyez exposé.

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