Mali: multiplication des ententes locales entre population et jihadistes

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Les habitants de Boni, dans la région de Mopti, ont négocié en début de semaine un accord avec les jihadistes de la Katiba Serma, membre du Jnim, le Groupe de soutien à l’islam et aux musulmans, affilié à al-Qaïda. Cet accord a permis de mettre fin au blocus que la Katiba Serma imposait aux habitants depuis le 25 mai. Ces derniers mois, ces accords se sont multipliés, soulevant et réitérant la question de l’implication des autorités maliennes et de la stratégie nationale dans ce domaine.

Boni n’est que la dernière offre du genre. En mars de l’année dernière, un accord direct a été conclu entre les djihadistes et les habitants de Farabougou, dans la région de Ségou. Cela n’avait pas duré plus de quelques mois, mais c’était la première fois qu’un pacte était conclu directement avec un groupe djihadiste, et non avec des dirigeants communautaires agissant comme médiateurs.

Depuis, et surtout ces dernières semaines, le modèle s’est multiplié. Boubacar Ba, chercheur malien qui suit de près toutes ces initiatives, est directeur du Centre d’analyse sur la gouvernance et la sécurité au Sahel.

Dans la région de Djenné, une vingtaine de conventions ont été conclues entre avril-mai et aujourd’hui. L’objectif est de réduire la violence de groupe en raison de l’occupation systématique du pays. Les humains sont complètement incapables de cultiver et de se déplacer librement. Alors au bout de quelques années, les populations se sont rendu compte que pour vivre un peu en paix, il fallait négocier.

Une paix qui coûte cher : selon les cas, les habitants acceptent de payer des impôts aux jihadistes, obligent les femmes à porter le voile, voire n’ont plus de liens avec l’armée malienne. Ces accords locaux posent la question de la souveraineté nationale.

« Les autorités nationales ne contrôlent pas tous ces accords et ne sont pas directement impliquées, analyse Boubacar Ba. Mais les autorités ont laissé faire en attendant mieux, car il n’y a pas aujourd’hui de stratégie de dialogue national. Il est vrai qu’il résout périodiquement les problèmes, mais il exclut l’État. »

La Stratégie nationale de stabilisation du centre du Mali, qui a été approuvée en Conseil des ministres le 24 août, n’aborde à aucun moment cette question.

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