CM – La répression s’étend en Biélorussie

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Fin mai, elle se doute de quelque chose. Tatiana Kouzina, 48 ans, vient d’apprendre par ses contacts que les autorités biélorusses vont lancer une vague d’arrestations parmi les membres de la société civile. Elle est elle-même une experte reconnue, co-fondatrice d’une école des spécialistes de l’administration (Sympa) et assistante de recherche à l’Institut pour la réforme de l’administration publique (Bipart). Elle serait sur « la liste », lui a-t-on dit. « Je lui ai tout de suite conseillé de quitter le pays, d’autant plus qu’elle n’a pas d’enfants », raconte Olga, l’une de ses meilleures amies, « mais elle voulait attendre et craignait que son mari n’ait du mal à trouver un travail à l’étranger. »

Tatiana laisse passer les jours. Néanmoins, elle prend des précautions et range ses affaires en cas de perquisition dans son appartement.

Le 28 juin, à 22 heures, elle s’est rendue à l’aéroport de Minsk. Elle doit assister à une conférence à Tbilissi, en Géorgie, le lendemain. Elle veut y rester une semaine. Dans ses bagages, elle porte une doudoune pour enfant qu’elle aimerait offrir à un ami. Elle n’avance pas. Elle a été arrêtée au contrôle des passeports. La police a découvert la petite veste. « Vous vouliez vous enfuir ! Ils disent.

À 4 heures du matin, elle a atterri à la maison d’arrêt d’Okrestina à Minsk. Elle est placée dans une cellule prévue pour trois personnes, mais déjà surpeuplée de six détenus. Afin de mieux humilier le groupe, les gardiens confisquent alors les matelas et les draps.

L’offensive annoncée contre la société civile a commencé. Certains de ses représentants ont pris la fuite, comme le célèbre analyste Artyom Shraibman ou l’économiste Sergueï Chaly. D’autres n’ont pas le temps comme Tatiana Kouzina et la politologue Valeria Kostyugova.

Après avoir paré des leaders de l’opposition, des journalistes indépendants et des milliers de manifestants, Alexandre Loukachenko, 66 ans, poursuit sa grande purge. Le dictateur biélorusse, au pouvoir depuis 27 ans et « réélu » en août après des fraudes massives, règne plus que jamais sur l’ex-république soviétique de 9,4 millions d’habitants. Et s’est même aventuré à détourner un avion de Ryanair le 23 mai pour faire sortir le journaliste Roman Protassevich.

Le 29 juin, au lendemain de l’arrestation de Tatiana Kuzina, Loukachenko a reçu à Minsk le secrétaire du Conseil de sécurité russe, Nikolaï Patrouchev, un loyaliste à Vladimir Poutine. « Chaque fois que je viens ici, j’aime voir ce qui se passe », a-t-il déclaré. Loukachenko est au paradis. Il a la bénédiction du parrain russe, qu’il peut supprimer à volonté. « Nous démantelons les cellules dormantes des terroristes », assure-t-il. Alors qu’il accuse les Etats-Unis, la Pologne, l’Allemagne et l’Ukraine de les soutenir.

Tatiana est rapidement transférée dans une autre prison de la rue Volodarskogo à Minsk, où les leaders du mouvement de contestation croupissent depuis des mois. Les allégations portées contre eux sont alors ignorées car leur avocat s’interdit de les divulguer sous peine de perte de leurs droits professionnels. Puis l’accusation tombe : « complicité de participation à un coup d’État ». Tatiana risque jusqu’à douze ans de prison. Son procès se déroulerait parallèlement à celui de Maria Kolesnikova (39 ans), l’une des militantes de l’opposition arrêtée en septembre après avoir résisté à une tentative d’expulsion de Biélorussie.

Les proches de Tatiana sont complètement dépassés. « Elle est toujours restée à l’écart des réunions et ne connaît même pas Kolesnikova », explique son amie Olga. Indépendamment de cela, Loukachenko ne compte plus qu’une chose : prouver l’existence d’un complot pour renverser. Quitte à enchaîner les processus staliniens. Son plus féroce rival, l’ancien banquier Viktor Babaryko, 57 ans, qui s’était présenté à la présidentielle l’été dernier, vient de subir sa colère. Il a été condamné à quatorze ans dans une colonie pénitentiaire stricte. Et d’autres candidats présidentiels éphémères attendent derrière les barreaux pour connaître leur sort. Exemple : Sergueï Tikhanovski, 42 ans, époux de Svetlana Tikhanovskaya, 38 ans, lui-même plus tard adversaire de Loukachenko et désormais exilé en Lituanie.

Le 14 juillet, Loukachenko envoya ses hommes dans un autre raid. « Une opération inédite contre les défenseurs des droits humains », dénonce l’ONG Human Rights Watch. Des arrestations ont été effectuées dans une dizaine de villes. L’une des cibles visées est l’organisation Viasna, dont les responsables ont été arrêtés. Les prisons biélorusses, dans lesquelles il y a déjà 530 prisonniers politiques, se remplissent toujours.

Un silence assourdissant comme pour la Turquie ! Où sont passés nos acharnés défenseurs de la liberté ? Entre république et nation ?

Mais où sont ceux en France qui crient à la dictature ? La Biélorussie est une vraie dictature, mais apparemment ils s’en moquent …

Une vraie dictature… Puissent aller voir tous ces bruits idiots qui se font après les propos du Président sur le cynisme de ceux qui comparent la France à une dictature.

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