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CM – Patrick Montel – Jeux de Tokyo : Diniz, la dernière tournée du facteur

Le facteur Yohann Diniz est né le 1er janvier, le même jour que le marathonien Alain Mimoun. Sa dernière tournée commence à l’aube, à mille kilomètres de Tokyo, à Sapporo, comme si la distanciation servait aussi à célébrer une dernière fois les prisonniers du bitume. En décembre dernier, la décision du CIO de retirer la course de 50 km de son programme a conduit le facteur à la retraite. Face à cette mort programmée, Diniz n’a pas mâché ses mots : « L’événement contient trop de valeurs fortes, dramaturgie, solidarité, abnégation, tout cela est désormais étranger aux dirigeants de l’athlétisme. »

Pour sa 4e participation à celui-ci Vendredi, Diniz veut se réconcilier avec les JO. Abandonné en 2008, disqualifié en 2012, plaintes graves en 2016. En réalité, le fleuron de la marche sportive n’a jamais vraiment été facteur, mais s’est chargé de la communication avec le service postal du groupe « La Poste ». En 2006, Yohann a fait exploser l’écran à Göteborg sous une inondation en remportant le titre mondial sur 50 km. Quelques instants plus tard, il avoue que le micro de France Télévisions n’a que 1000 euros par mois pour survivre. Le chef de poste Michel Wiener lui a tout de suite proposé de devenir ambassadeur du facteur, le métier de piéton par excellence. Au début des années 1980, alors que je traversais l’île de la Réunion, j’ai eu la chance de rencontrer Ivrin Pausé, qui était en charge de la distribution du courrier aux habitants du cirque de Mafate. Au cours de sa carrière, l’infatigable facteur a parcouru 253 000 kilomètres, ce qui équivaut à faire six fois le tour de la terre.

Quand on utilise aujourd’hui le verbe « parcourir », c’est dans un sens très large. Nous ne penserions pas à dire « parvelo » ou « päckchen ». Derrière « marcher » se cachent les termes courir et marcher, qui nous rappellent que le corps a été le véhicule originel de toute l’humanité pendant des milliers d’années. Car dans quelques décennies, échelle de temps ridicule aux yeux de l’histoire humaine, les hommes pourront se passer du corps. La naissance du sport coïncide avec l’avènement d’autres modes de transport. L’étymologie du mot sport est latine et suggère l’idée d' »aller ailleurs et se détendre ».

Au fil du temps, le desporteur devient un sport en vieux français après un détour par l’Angleterre. Ce terme englobe diverses activités liées au corps, dont, bien sûr, la marche et la course. En monopolisant la marche, l’institution sportive a transformé le geste originel. L’extension des membres inférieurs a remplacé la flexion traditionnelle du marcheur commun. En compétition, l’athlète attaque le sol avec la jambe tendue, tandis que l’autre pied doit rester en contact avec l’asphalte. Dans les années 1960, Jerzy Hausleber, un randonneur polonais en exil au Mexique, a remarqué que les athlètes peuvent augmenter la cadence en augmentant l’angle de rotation de leurs hanches de 4 à 20 degrés. Aujourd’hui encore, le frémissement des promeneurs contribue aux allusions les plus audacieuses. L’effort pendant près de quatre heures est plutôt respectueux.

Yohann Diniz, le recordman du monde, avale les 50 km à pied à plus de 14 km/h. Même pour les surdoués, rien n’est jamais écrit à l’avance. Le long terme est une métaphore de la vie. Dans son autoportrait de l’auteur en coureur de fond, l’écrivain japonais Haruki Murakami interroge son rapport au marathon, discipline cousine du 50 kilomètres de marche. Je ne peux terminer cette chronique sans extraire de cette introspection une phrase qui explique pourquoi le Facteur Diniz a attendu d’avoir 43 ans pour mettre fin à sa carrière. « Si vous tendez à l’extrême, vous parvenez à faire ressortir en vous une sorte de fraîcheur désespérée, comme si vous vous étiez serré et tordu votre corps dans votre cœur. « 

Avec tout le respect que j’ai pour Yohan Diniz, les tournées continueront après les matchs.

Yohann Diniz a largement mérité cette médaille. Courage à lui et mes meilleurs voeux !

La suppression du 50km et l’introduction du skate (et du château gonflable demain ?) nous montre à quel point les JO sont devenus un business et rien d’autre.
Nous sommes avec toi, Yohann, cette dernière médaille d’or du 50 km est à juste titre la tienne.

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