Le rapport sur l’exécution budgétaire parle aussi de la dette flottante qui désigne toutes les dépenses ordonnancées sur les crédits de la dette intérieure pour régler les factures impayées des administrations publiques accumulées au Trésor. Ces impayés sont issus notamment, des engagements contractuels des administrations publiques, des consommations courantes, des loyers, des manques à gagner de la SONARA et Marketeurs, en rapport avec le soutien du prix du carburant à la pompe et des dettes fiscales compensées. Au titre de l’exercice 2018, le volume de ces opérations s’est élevé à plus de 128 milliards. Bien que les ordonnancements effectués par la DGB pour régler les factures impayées de l’Etat au niveau de la chaîne budgétaire aient contribué considérablement à la réduction du stock de la dette flottante, il n’en demeure pas moins que cette pratique pose un problème de sincérité comptable et de gestion efficace de la trésorerie.

En effet, indique le rapport, la maîtrise du volume des dettes flottantes n’est pas parfaite. Par ailleurs, elles sont imputées sur les lignes de crédits de la dette intérieure, indépendamment de la nature économique des opérations considérées, en violation du principe de spécialité budgétaire. De plus, le paiement de ces opérations grève les besoins de trésorerie de l’exercice, et pose le problème de leur prévisibilité.

Afin de maîtriser et d’éviter l’avènement de nouvelles dettes flottantes, il conviendrait de procéder à un inventaire de tous les passifs de l’Etat en amont du Trésor ainsi que des créances en bonne et due forme. Les résultats de cet audit devraient être transmis à la CAA pour paiement au titre de la dette intérieur non structurée suivant un échéancier prédéterminé. Par ailleurs, un mécanisme de suivi des nouveaux impayés à la DGB serait envisageable afin d’en avoir une bonne maîtrise et d’en assurer l’inscription systématique dans les budgets respectifs des administrations les ayant générées ou dans les chapitres communs pour les autres cas, tout en respectant la nature économique desdites opérations.

Problématiques de l’exécution du BIP

L’exécution des dépenses sur financement extérieur, qui résulte des projets à financement conjoint, fait face à plusieurs types de problèmes notamment : le dépassement des plafonds définis par la loi de finances, le non-respect du principe d’annualité et des procédures d’exécution du budget, les difficultés de remontée des données statistiques. Pour y remédier et, afin de maîtriser l’endettement extérieur, le gouvernement a mis en place une plateforme de régulation des appels de fonds et de réconciliation des données statistiques et comptables. Cette plateforme qui regroupe toutes les parties prenantes (MINFI, MINEPAT, CAA, certains maitres d’ouvrage des projets FINEX) permet de suivre les décaissements et de disposer mensuellement des données exhaustives et cohérentes.

Dans le cadre de la régulation des appels de fonds, les priorités ont été définies relativement aux projets dans l’ordre suivant :

*Les projets de la Coupe d’Afrique des Nations 2021 ;

*Les projets programmés dans la Loi des finances ;

*Les projets ayant un fort impact socio-économique et justifiant d’une capacité de remboursement presque certaine ; *Les grands projets de première génération en cours d’achèvement ;

*Les projets dont la date de clôture est proche en vue d’alléger le portefeuille des projets à financement extérieur ; *Les projets ayant un plan de décaissement des ressources disponibles.

Les résultats des travaux de la plateforme en 2018 font ressortir que : en matière des décaissements, le montant effectif est de 749,4 milliards En matière d’appels de fonds non exécutés à fin 2018 et reportés en 2019, un montant total de 193,4 milliards. Les dépenses du PLANUT et de la CAN posent des problèmes de suivi et d’évaluation en raison de la multiplicité des instances de mise en œuvre des activités y relatives (COCAN, Comité interministériel de suivi de la CAN, Comité PLANUT, ministères sectoriels). Cette situation entraine les difficultés de coordination du fait de l’absence d’une unité budgétaire unique dédiée à la réalisation de tous les projets concernés.

L’effet est d’autant plus néfaste sur le budget étant donné que ces projets payés par le truchement des décomptes et avances de trésorerie génèrent un volume important de dettes qui requiert les couvertures budgétaires importantes. Afin d’y remédier, la mise en place d’un chapitre budgétaire unique dédié à ce type d’opérations est souhaitable. Ce chapitre permettra un meilleur encadrement ainsi qu’un meilleur suivi desdites dépenses.

 

EcoMatin