Les problèmes de l’initiative de civilisation mondiale de la Chine

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La nouvelle initiative de civilisation mondiale de la Chine : une arme pour désarmer l’ordre international basé sur des règles

La nouvelle initiative de civilisation mondiale (GCI) de la Chine, annoncée par Xi Jinping lors de son discours du 15 mars à la Haute Dialogue du Parti communiste chinois avec les partis politiques mondiaux, s’inscrit dans la tradition mondiale des dirigeants vendant des concepts attrayants dont les implications pratiques bénéficient finalement à eux-mêmes. La GCI de la Chine s’ajoute à l’Initiative de développement mondial (GDI) et à l’Initiative de sécurité mondiale (GSI) précédemment annoncées, formant un triumvirat de concepts complémentaires, bien que amorphes, dans la « Communauté du destin commun », que Xi et le Parti communiste chinois avancent comme alternative de Beijing à l’ordre international dominé par l’Occident.

La GCI de la Chine est rendue possible par son ambiguïté. Le discours de Xi présentant la GCI a parlé de « aspirations communes » (pas de droits) de l’humanité pour « la paix, le développement, l’équité, la justice, la démocratie et la liberté ». En même temps, la GCI s’oppose à un monde dans lequel ces concepts peuvent avoir un sens grâce à des efforts unis pour dénoncer et agir collectivement contre ceux qui les violent. Selon la GCI, les perceptions de telles « aspirations communes » sont « relatives » et donc les pays doivent « s’abstenir d’imposer leurs propres valeurs ou modèles aux autres ».

Les implications pratiques de la GCI de la Chine

Malgré un langage raisonnable, l’effet le plus insidieux de la GCI est qu’elle est fondamentalement un effort intéressé pour désarmer l’ordre international basé sur des règles. En promouvant le relativisme des valeurs et en s’opposant à la dénonciation des mauvais comportements et à la recherche de leur arrêt, le concept attire les régimes qui désirent faire ce qu’ils veulent, de la criminalité et de la répression à la violente invasion de leurs voisins sous le faux manteau de « préoccupations de sécurité légitimes ». La GCI est enracinée dans un « oubli » pratique des origines du droit international et des institutions de gouvernance mondiale (aussi imparfaites soient-elles).

En plus de donner à la Chine et à d’autres acteurs illibéraux plus d’espace pour poursuivre leur volonté contre leurs voisins et ceux de leur territoire, la GCI déplace également les questions de savoir quelle communication est valorisée dans le discours international, et sur quelle base, à l’avantage de la Chine. Le discours de Xi sur la GCI se déplace sans critique entre les références aux « pays » et aux « civilisations », reflétant la conflation de la Chine des deux concepts. L’accent mis sur les « civilisations » privilégie sans doute la Chine, ainsi que d’autres États ayant des liens avec les anciens empires, y compris les partenaires illibéraux actuels de Beijing, la Russie et l’Iran (Perse), et les pays du Sud mondial que la Chine courtise (Égypte et Turquie) tout en privant la voix des États-Unis en termes « civilisationnels ».

Mots clés: Chine, GCI, Xi Jinping, ordre international, relativisme des valeurs, civilisations, partenaires stratégiques, droits de l’homme, Uyghurs, mer de Chine méridionale.

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