POLITIQUE – L’exécutif et les «marcheurs» voulaient écologiser leur action, ils tombent sur la jaunisse: l’Assemblée nationale s’appuie ce lundi 5 octobre sur le projet de loi controversé permettant la réintroduction provisoire des néonicotinoïdes pour préserver la l’industrie de la betterave, malgré la ferme opposition des pro-environnement
Tenir une promesse environnementale ou sauver des emplois dans un contexte de crise économique? Avec son projet de loi permettant l’utilisation temporaire et encadrée d’insecticides nocifs pour les abeilles, le gouvernement est accusé de brouiller son message sur la transition écologique Une exception qu’il justifie en sauvegardant un secteur qui emploie 46 000 personnes dont 25 000 agriculteurs
Comme vous pouvez le voir dans notre vidéo en haut de l’article, tournée fin septembre, nous avons suivi Sébastien Dromigny, agriculteur à Saint-Just-en-Brie (77), sur ses parcelles de betteraves gravement infectées
Hiver et printemps trop chauds: en raison de la prolifération d’un puceron vert vecteur de la maladie qui affaiblit les plantes dans de nombreuses régions, les betteraves issues de graines non enrobées d’insecticide souffrent de « jaunisse »
La réintroduction de semences enrobées de néonicotinoïdes devrait permettre de protéger les rendements en sucre Le hic c’est que ce type de pesticide a été interdit en 2018 Et voilà le gouvernement contraint de faire marche arrière, s’appuyant sur la réglementation européenne sur les produits phytosanitaires permettant de déroger de l’interdiction en l’absence d’alternative
« C’est une question de souveraineté », souligne le ministre de l’Agriculture Julien Denormandie, alors que 11 pays producteurs en Europe ont autorisé des dérogations pour les néonicotinoïdes
« Un certain nombre de planteurs, en ce moment même, hésitent à replanter des betteraves » et « si les sucreries ferment, toute la filière betteravière peut disparaître en une ou deux saisons », fait valoir le ministre
C’est lui qui sera présent dans l’hémicycle où seront débattus plus de 130 amendements, et non la ministre de la Transition écologique Barbara Pompili, qui avait elle-même adopté la loi en 2016 interdisant ces insecticides et soutient désormais cette réautorisation ciblée
Pour le gouvernement, qui peut compter sur le soutien des LR, le projet de loi n’est pas « un renoncement écologique » Il programme « la fin des néonicotinoïdes » d’ici 2023, souligne le rapporteur LREM du texte, Grégory Besson-Moreau
Pour le député de l’Aube, où se trouve l’un des plus gros bonbons d’Europe, « personne ne nie les dangers de cette substance »
Alors pourquoi ne pas y renoncer complètement, déclamer les opposants au projet gouvernemental? Se déroulant à proximité du Palais Bourbon, les tribunes, les pro-environnement et la gauche estiment que le projet de loi, conçu selon eux « sous la pression des lobbies agricoles », est une « grande retraite démocratique » et un « malentendu historique »
Dimanche, l’ancien ministre de l’Ecologie Nicolas Hulot a appelé au JDD « les députés à ne pas voter » le projet de loi « Ma fondation a estimé les pertes pour cette année à 77 millions d’euros pour les betteraviers. Compensons-les en échange du mise en place de pratiques: allongement des rotations, réintroduction de haies », suggère-t-il
« C’est le dernier grand vote sur la biodiversité pour le quinquennat », a attaqué Matthieu Orphelin (EDS) Cet ami proche de Nicolas Hulot a obtenu un vote solennel sur l’ensemble du projet de loi, qui aura lieu mardi et au cours duquel tous les députés « pourront prendre position sur ce sujet important »
En dramatisant la question, l’ex- « marcheur » cherche à creuser un coin au sein du groupe majoritaire, où des voix dissonantes sont apparues « On sait très bien que la discussion sera serrée dans l’hémicycle », reconnaît Jean-Baptiste Moreau (LREM), agriculteur, qui soutient le projet de loi
Les députés « ne veulent pas revivre la séquence » d’il y a deux ans autour du glyphosate, l’herbicide controversé, dont la libération n’a finalement pas été légiférée, a-t-il déclaré. opinion très cher
Pour «verdir» sa position, le groupe LREM a voté en commission la création d’un conseil de surveillance qui comprendra quatre parlementaires Et aussi l’interdiction, sur les parcelles où des néonicotinoïdes ont été utilisés, de planter des cultures qui attirent les abeilles afin de ne pas les exposer
Les députés ont en outre précisé que les exemptions autorisées visent explicitement les betteraves sucrières. Le gouvernement l’avait promis mais ne voulait pas l’inclure dans le texte par crainte de la censure du Conseil constitutionnel
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Néonicotinoïde, Nicolas Hulot, Assemblée nationale, insecticide, pesticide, membre de l’Assemblée nationale française
Actualités du monde – FR – Les néonicotinoïdes controversés sont de retour à l’Assemblée