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World news – L’effroyable corps-à-corps d’un agent municipal avec Coulibaly

Laurent, agent municipal à Montrouge, à tenter de désarmer Amédy Coulibaly quelques secondes après qu'il a tiré sur Clarissa Jean-Philippe

Justice L’effroyable corps-à-corps d’un agent municipal avec Coulibaly

PROCÈS Laurent, agent municipal à Montrouge, à tenter de désarmer Amédy Coulibaly quelques secondes après qu’il a tiré sur Clarissa Jean-Philippe

Publié le 18/09/20 à 16h47
— Mis à jour le 18/09/20 à 17h16

Lui, parle d’un moment de « folie », un « mélange d’adrénaline, d’hypoglycémie et de haine » qui lui a probablement sauvé la vie. A écouter Laurent, pourtant, raconter devant la cour d’assises spéciale cette matinée du 8 janvier 2015 au cours de laquelle
Amédy Coulibaly a abattu la policière municipale Clarissa Jean-Philippe, on a sans nul doute le sentiment d’entendre le récit d’un acte de bravoure inouï, un
corps à corps à peine croyable avec le terroriste pour tenter de le désarmer.

Ce matin-là, cet agent municipal, chef d’une équipe propreté à Montrouge, est appelé vers 7 h 30 pour un accident de la route. L’accrochage se révèle moins important que prévu, Laurent, silhouette élancée, le crâne rasé, prend le temps d’aller s’acheter un sandwich puis discute avec Clarissa Jean-Philippe, tout juste titularisée. C’est alors qu’il sent la présence d’un homme à quelques centimètres de lui. « Je le vois faire un petit pas en arrière, sortir une arme de guerre et tirer immédiatement », se remémore-t-il, les mains accrochées à la barre. L’espace d’un instant, pourtant, Laurent croit à un canular, impossible de relier ce qui est en train de se passer avec la tuerie de la veille, à Charlie Hebdo. « Avec la main droite, j’ai tapé sur le canon de l’arme et je lui ai dit : « T’es fou, avec ce qu’il s’est passé, tu fais des blagues ». » Il n’a pas le temps de terminer sa phrase qu’il aperçoit son collègue grièvement blessé au visage. Une balle de kalachnikov l’a atteint au niveau de la joue. « La dernière pensée que j’ai eue c’est « si je fais demi-tour, il va m’abattre donc il faut que je lui rentre dedans ». »

La main gauche accrochée au canon de la kalachnikov, la droite sur la crosse, Laurent tente d’arracher son arme à Amédy Coulibaly. Le terroriste résiste, continue de tirer. Même à genoux après avoir trébuché contre un trottoir, l’agent municipal tient bon. « J’arrêtais pas de me dire, si tu lâches, t’es mort. » Le djihadiste s’énerve. « Tu veux jouer, tu vas crever ». Laurent le voit glisser la main dans sa poche, en sortir un pistolet. Toujours agrippé au canon de la kalachnikov, il lui attrape le poignet avec l’autre main mais Amédy Coulibaly lui donne un coup de crosse sur le crâne, l’obligeant à lâcher prise. « Je m’attendais à ce qu’il me finisse, ça a duré une ou deux secondes, il a fait demi-tour, il a rentré ses trucs et il est parti. » Les enquêteurs retrouveront une cartouche non percutée sur les lieux, signe qu’Amédy Coulibaly n’a pas fait preuve de clémence à son égard mais que son arme s’est vraisemblablement enrayée au moment de tirer.

Lorsque le terroriste s’enfuit, Jonathan, le binôme de Clarissa Jean-Philippe, se lance à sa poursuite. Élégamment vêtu de son uniforme, droit comme un « i » à la barre, il raconte avoir poursuivi Amédy Coulibaly sur 300 mètres, uniquement armé d’un tonfa, d’une bombe lacrymogène et d’une paire de menottes sans parvenir à le rattraper. « On était nu, M. le président, ce jour-là », confie-t-il des sanglots étranglés dans la gorge. A l’entendre parler, mimer, raconter ces quelques minutes d’effroi, on a l’impression qu’il en revit chaque instant. En revenant sur les lieux, il découvre sa binôme, « ma Clarissa » à terre, grièvement blessée, une balle l’a atteinte à la carotide. « C’était une fille extraordinaire, gentille », bien plus qu’une collègue à ses yeux.

Clarissa Jean-Philippe, 26 ans, venait de réussir son concours de la police municipale, après plusieurs années passées à travailler dans la sécurité incendie. « Être policière, c’était ce qu’elle voulait faire depuis toute petite », raconte sa mère. C’est la raison pour laquelle la jeune femme a quitté la Martinique à l’âge de 19 ans. Sa famille restée sur place a appris le drame par un coup de téléphone de son fiancé. Sa mère buvait un café. La tasse est tombée. Depuis cinq ans, elle n’en a plus bu une goutte, le café lui rappelant l’instant où elle a appris l’attentat. A la barre, tous racontent l’après. Laurent a repris le travail dès le lundi avant de perdre pied après le 13 novembre 2015. Lui le diplomate qui s’intéressait à tout et à tout le monde, l’homme jovial, se décrit maintenant comme irritable et hypervigilant. « Maintenant dès que j’ai du temps libre, je suis sur Internet, je regarde les histoires de terrorisme, j’ai rien d’autre, j’arrive pas à me sortir de cela. »

Restent, encore aujourd’hui, des interrogations concernant le plan d’Amédy Coulibaly ce matin du 8 janvier. Les témoignages comme la vidéosurveillance décrivent ce jour-là le terroriste empruntant une direction avant de faire brusquement demi-tour et d’ouvrir le feu sur Clarissa Jean-Philippe. Se dirigeait-il, avant de changer d’avis, vers une synagogue qui abrite une école juive ? Le bâtiment est situé à 200 mètres de la scène de crime. Une piste envisageable, selon l’ancien chef de la police judiciaire des Hauts-de-Seine, Michel Faury, mais que « rien ne permet de préciser ».

Pour Laurent, en tout cas, cette hypothèse ne fait aucun doute. « C’était la seule cible dans le quartier. Un terroriste, il va pas braquer un boulanger ou une roue de secours chez Midas », expose-t-il à la cour. D’autant que la présence de la policière municipale dans le quartier ce matin-là était fortuite, uniquement liée à l’accident de la circulation. A ses yeux, Amédy Coulibaly est arrivé trop tôt devant l’école, et, ne voyant aucun élève, a adapté son macabre scénario. Et l’agent municipal d’insister : « Ce qu’il a fait le lendemain c’est une preuve de plus. Il n’a pas attaqué un commissariat. »

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SOURCE: https://www.w24news.com

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