Le préfet de Moungo avait interdit la poursuite de certaines constructions sur des terrains acquis par une mafia foncière à Nkongsamba. Les gros travaux viennent de reprendre.
Avec la complicité de certaines autorités corrompues, des particuliers avaient acquis pour le franc symbolique de vastes terrains urbains stratégiques de l’Etat dans la capitale du département du Moungo. Surtout au Lycée du Manengouba. Ceux qui connaissent cet ancien établissement public de Nkongsamba ont dû remarquer que le lycée à la très haute réputation a toujours impressionné par l’immensité du terrain, dans un centre urbain où à peine un m2 de terrain est à vendre. . Un ancien directeur de cet établissement s’inquiétait il y a vingt ans : « Je reçois beaucoup de pression de la part des acteurs du marché qui sont très fascinés par les terres inoccupées du Lycée. Si le gouvernement ne fait pas attention, des hommes d’affaires voyous et des fonctionnaires corrompus finiront par massacrer le gros gibier qu’est le pays encore libre de cet établissement ».
Ces dernières années, il a été établi que l’enceinte du Lycée, soumise au titre foncier N° 11465/Moungo, qui n’a pas été clôturée depuis une trentaine d’années, a été progressivement occupée par des fondations sur lesquelles poussent des bâtiments, à la stupéfaction de les gens, en particulier certains anciens élèves du Lycée du Manengouba. L’invasion des prédateurs depuis trois mois était telle que le préfet de Moungo, Dzana Yves Bertrand Noël, avait décidé dans une lettre adressée au sous-préfet de Nkongsamba 2 le 15 avril 2021 de « mettre fin au massacre » : « après l’Illégale infractions commises par certaines personnes sur le site sous titre foncier n° 11465 appartenant à l’Etat du Cameroun, j’ai l’honneur de vous demander d’arrêter systématiquement tous travaux sur ce site jusqu’à nouvel ordre ».
La note du préfet ordonnant l’arrêt des travaux ne concernait que le titre foncier n° 11465, qui correspond au terrain du Lycée du Manengouba. Or, on sait que le domaine privé de l’État que des individus ont illégalement saisi dans le même secteur et qui n’ont pas l’intention de s’arrêter en cours de route, appartient au lycée technique, l’école normale des enseignants, l’abécédaire d’application scolaire.
Le préfet devrait étendre cette mesure pour s’assurer que d’autres résidents illégaux dans d’autres localités n’accélèrent pas leur travail avant qu’il ne soit tard. Selon les informations, les propriétaires des différents sites avaient reçu l’ordre de tout arrêter.
Un responsable habitant la zone litigieuse a tiré la sonnette d’alarme : « Si des mesures fortes ne sont pas prises pour mettre fin d’urgence à cette mauvaise gestion du terrain, les écoles et lycées implantés sur ce terrain n’auront plus le moindre mètre carré pour leur agrandissement, ce qui, d’ailleurs, a été rendu nécessaire avec les pressions de la démographie. Les sites sur le terrain ne sont pour l’instant que la vue visible. C’est dans les documents que l’on peut apprécier la taille de l’énorme mafia ».
Selon les informations saisies, « les résidents illégaux ici sont recrutés parmi des personnalités non suspectes, y compris les autorités municipales et administratives, tant indigènes que non indigènes, de jeunes opérateurs économiques comme agents de l’Etat… »
Comment de telles atteintes au domaine de l’Etat pourraient-elles avoir lieu sans que les services compétents, notamment la délégation des domaines du Cadastre et des Affaires foncières, ne puissent rien voir ? Qui se cache derrière l’énorme vente ?
Lorsque le préfet a ordonné la fermeture de tous les terrains du site litigieux il y a trois mois, les occupants illégaux avaient donné l’impression qu’ils se conformaient aux injonctions de l’instance dirigeante. Ils avaient clairement reculé pour mieux sauter. Depuis ils ont repris le travail en force. Avant qu’il ne soit tard. Que s’est-il passé entre-temps ? Le préfet est-il au courant de la nouvelle tournure ? « Il est impossible que la mairie ne soit pas au courant que les travaux ont repris sur ce site », sabre un habitant.
Lorsque l’affaire a été évoquée par la presse en avril dernier, certains anciens élèves du lycée de Manengouba avaient lancé une campagne pour poursuivre en justice la mafia qui dépouille leur ancien lycée de son précieux patrimoine foncier.
David Nouhou
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