Codification, certification… : leviers de la gastronomie pour la croissance économique au Cameroun

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(Investir au Cameroun) – La cuisine camerounaise doit être codifiée pour devenir un levier de croissance économique et une pépinière d’emplois, soutiennent des spécialistes des arts culinaires. Et cela passe nécessairement par le repérage des plats emblématiques ou patrimoniaux du Cameroun et la rédaction d’un  » encyclopédie« . C’est l’une des recommandations des participants du symposium international organisé en marge du festival culinaire « Cuisine de la diaspora», tenue du 9 au 10 mars à Mouanko, commune du département de la Sanaga-Maritime de la région du Littoral.

«Cela avait été demandé il y a 30 ans lors d’un symposium au Cameroun en avril 1993, où il avait été recommandé de mettre à disposition un inventaire national des plats traditionnels. Cela n’a pas été fait. Aujourd’hui, toutes les intelligences de ce pays devraient s’unir pour avoir cette encyclopédie.dit l’anthropologue Mbonji Edjenguèlè, qui présidait le comité scientifique dudit colloque.

Car si la cuisine camerounaise est riche et diversifiée, elle cherche toujours à se faire connaître à l’international. Le Ndolè, plat traditionnel ancestral du Littoral, s’est exporté et figure aujourd’hui à la carte de certains restaurants à l’étranger, notamment en France. Mais cette notoriété n’a pas suffi à inscrire cette spécialité culinaire au patrimoine culturel immatériel de l’Unesco, comme le « thiebudiene(riz au poisson), un plat populaire du Sénégal, deHarissa», purée de poivrons rouges de Tunisie ou encore couscous, plat emblématique d’Afrique du Nord.

Propriété intellectuelle

Le ministère de l’Art et de la Culture (Minac) a, par arrêté ministériel, inscrit 28 spécialités culinaires au patrimoine national avec l’objectif à terme d’inscrire certaines d’entre elles sur la liste représentative du patrimoine culturel immatériel de l’Unesco. Pour le gouvernement, cette démarche contribue à la valorisation du patrimoine culinaire camerounais. Au Ministère du Tourisme et des Loisirs (Mintoul), nous veillons à ce que tout soit mis en œuvre pour promouvoir le secteur de la gastronomie et en faire un atout touristique.

«Le gouvernement maintient un certain nombre d’initiatives, dont la protection de nos traditions culinaires. Quatorze traditions culinaires ont déjà été sélectionnées pour leur protection (à l’Organisation Mondiale de la Propriété Intellectuelle, ndlr), tout comme le processus de codification de notre cuisine et d’établissement d’un Programme National de la Gastronomie est en cours.», déclare le secrétaire général du Mintoul, Paul Marcel Ndioro, à Mamoun. Le Cameroun veut dynamiser son tourisme à travers un projet sur la propriété intellectuelle et le tourisme gastronomique initié par l’Organisation Mondiale de la Propriété Intellectuelle (OMPI).

Ce projet visepromouvoir l’utilisation de la propriété intellectuelle liée aux traditions culinaires du Cameroun et s’inscrit dans la prise de conscience de la pertinence de la gastronomie comme moyen d’encourager le tourisme», explique l’organisme sur son site internet. Une étude exploratoire de 20 plats camerounais »typiquequi jouissent d’une notoriété nationale et internationale et peuvent ainsi contribuer au développement du tourisme, seront mises en œuvre d’ici fin 2021.

A l’issue de celle-ci, 10 traditions culinaires ont été sélectionnées, à savoir : le Ndolè, le Mbokko bè, le Ngniiri, le Kilichi, le fromage de chèvre Ndomba, le Mbongo’o tchobi, le Bitoso Ri Kipen Ki Bazi, le Nnam ngön, le Kondrè, l’Ekoki et l’Eru. Quatre traditions culinaires (Achu, Sanga, Neé Gouo lié et Okok) ont été gardées en réserve, apprend-on. Les efforts du gouvernement sont applaudis par les spécialistes de la gastronomie, qui rêvent de voir les plats patrimoniaux évoluer de l’ombre à la lumière.

Normes internationales

«Nous avons une abondance de 200 plats dans notre pays. Mais nous devons voir comment nous pouvons les adapter pour qu’ils soient servis sur les tables du monde entier..Cela implique du travail, des échanges, des rencontres avec des chefs, etc. Des initiatives comme Diaspora Kitchen permettront d’amener ce type de projet à des certifications internationales.», raconte le chef camerounais Christian Abégan, pionnier de la gastronomie camerounaise et africaine et auteur d’un livre de cuisine à succès. Selon ses initiateurs, Diaspora Kitchen vise à normaliser et codifier l’art culinaire camerounais et à former les acteurs locaux qui travaillent dans l’hôtellerie et la restauration pour promouvoir la cuisine traditionnelle camerounaise.

L’objectif est de mieux positionner les plats traditionnels du pays à l’international. « Diaspora Kitchen se concentre sur la création et la promotion des plats et plats qui font la fierté de l’art culinaire camerounais. Elle place la préservation du patrimoine légué par nos pères fondateurs au premier rang des espoirs de production de richesse et de création d’emplois décents dans de nombreux métiers culinaires.», explique la promotrice, Ama Tutu Muna, présidente de l’ONG Générations Partenaires du Progrès (GPP). Des chefs passionnés tels que Christian Abégan, Émile Engoulou et Rose Lissouck travaillent sans relâche pour proposer une évolution de cette cuisine selon les standards internationaux, avec un développement qualitatif de la santé et une mise en avant des produits locaux.

Patricia Ngo Ngouem, de retour de Mouanko

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Source: Investir au pays

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