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Combattre l’inflation : les limites des décisions de la Beac.

(Investir au Cameroun) – Pour lutter contre l’inflation, la Banque des États de l’Afrique centrale (BEAC), émetteur commun aux six États de la CEMAC (Cameroun, Congo, Gabon, Tchad, RCA et Guinée équatoriale), a pris l’option de limiter les financements de l’économie. Cela ressort notamment des décisions prises lors de la 3e session du Comité de politique monétaire (CPM) pour l’année 2022, tenue le 26 septembre 2022 à Yaoundé, Cameroun. La banque centrale a de nouveau relevé deux de ses taux directeurs. A titre d’exemple, le taux de refinancement principal de Tiao est passé de 4% à 4,5% et le taux de la facilité de prêt marginal prévue pour les crédits bancaires à moins de 24 heures est passé de 6,25% à 6,75%.

Cette orientation résiste peu aux critiques concernant les propres données de la Beac et les autres analyses consultées par Investir au Cameroun. L’institution dirigée par Abbas Mahamat Tolly (photo) repose sur une hypothèse qui n’a pas changé depuis des décennies : l’inflation (hausse généralisée des prix du marché) entraîne une augmentation des besoins financiers qui peut conduire à plus de création monétaire (notamment via le crédit) et donc plus d’argent en circulation que de contre-valeur disponible en termes de réserves de change.

Cette logique est propre aux accords de coopération monétaire signés avec la zone euro (via la France) depuis le traité de Maastricht. Mais cela ne vaut pas pour les sources de l’inflation actuelle. Par ailleurs, interrogé sur la pertinence d’une hausse des taux directeurs pour juguler l’inflation, Abbas Mahamat Tolly a laissé entendre que la Beac avait les seuls instruments en sa possession.

En effet, comme c’est actuellement le cas dans de nombreux pays africains, la hausse des prix n’est pas le résultat d’une plus grande circulation de l’argent. Elle est due à des facteurs exogènes tels que les effets de l’après-Covid-19 et la crise russo-ukrainienne, qui à court terme ont entraîné une hausse des prix de l’énergie dans le monde et une baisse des stocks de céréales et d’engrais. Cette réalité, couplée à l’explosion des prix des matières premières et du fret maritime, a réduit la quantité de nourriture disponible.

De ce point de vue, il est contre-productif de limiter la capacité des banques commerciales à injecter de l’argent dans les économies. Car il y a aujourd’hui urgence à financer les investissements dans les actifs de production, ce qui signifie que la CEMAC n’est plus dépendante des marchés domestiques.

Une décision plus difficile que dans l’UEMOA, où le risque est plus grand

De plus, la hausse des prix de l’énergie (les pays sont principalement producteurs de gaz et de pétrole) et les différents soutiens des institutions multilatérales ont eu un effet bénéfique sur les réserves de change de la sous-région. A fin août 2022, les monnaies de la CEMAC ont augmenté de 1,367 milliard de FCFA selon la Beac. Ils s’élevaient à 5 980 milliards de FCFA à la même période en 2021.

La banque centrale note également que ces réserves ont augmenté plus rapidement (+78%) que la masse monétaire domestique (+15%) et que le taux de couverture en devises approche les 83% (contre environ 64%), tandis que les importations de réserves de change couvrent est de presque 4 mois. De ce point de vue, on comprend le risque de déséquilibre qui existerait sur la devise.

Enfin, dans la sous-région jumelle de l’Uemoa, où l’inflation a atteint 8,5 %, bien au-dessus du pic que la Beac avait prévu en 2023 (5,7 %), et où il existe un risque d’augmentation de la demande de masse monétaire due à la banque centrale (Bceao), une population trois fois plus nombreuse, maintient son taux directeur à 2,5% pour les Tiao et à 4,5% pour le prêt marginal.

Idriss Lin

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Source: Investir au pays

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