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Commerce illégal de bois : le Cameroun perd plus de 237 milliards de francs CFA par an

« Bois volé, temps sale ». C’est le rapport du Centre pour l’environnement et le développement (CED), pour nier les effets néfastes du commerce du bois entre le Cameroun et le Vietnam sur la population et les forêts camerounaises. Le rapport, un recueil de près de 36 pages, aborde les aspects du problème au Cameroun en 6 points cruciaux. De la relation bois entre le Cameroun et le Vietnam aux conclusions et recommandations en passant par la destruction des forêts, la détérioration de l’économie et l’exploitation et les dommages causés aux populations, cette étude du CED et de l’Agence d’enquête environnementale (EIA) explique le fait qu’un Le groupe vietnamien d’entreprises opérant au Cameroun est au cœur de l’essor du commerce illégal de bois entre le Cameroun et le Vietnam.

Nous nous concentrerons sur l’économie de ce rapport essentiel. Le Vietnam est devenu une destination majeure pour le bois camerounais, en particulier les grumes. En 2017 et 2018, la valeur moyenne des exportations du pays s’élevait à 21% de tout le bois exporté du Cameroun. La demande accrue des Vietnamiens – et des Chinois – en bois du Cameroun, notamment Tali et Doussié, a contribué à un changement majeur dans le profil des exportations camerounaises. Ce changement a ramené le pays à son statut d’exportateur de matières premières il y a vingt ans. Il existe actuellement 19 sociétés vietnamiennes de négoce de bois opérant au Cameroun. Ces entreprises sont les principaux acteurs de l’essor du commerce du bois entre le Cameroun et le Vietnam. La plupart sont situés autour du port de Douala pour des raisons logistiques. Une entreprise vietnamienne typique basée au Cameroun exporte généralement un minimum de 2 500 grumes par mois, pour un total de 30 000 à 40 000 mètres cubes de grumes échangées en moyenne par an.

VIOLATION DE LA LOI

Selon les estimations de l’EIA, au moins 132 000 m3 de bois du Cameroun ont été exportés vers le Vietnam entre janvier 2016 et juillet 2020 en violation de l’interdiction partielle d’exporter des grumes. Les chiffres sont terrifiants : 84 000 m3 de Doussie pour 40,2 millions de dollars ; 16 900 m3 de Mukulungu (Autranella congolensis) d’une valeur de 5,7 millions de dollars EU ; 15 000 m3 de sapelli (Entandrophragma cylindricum) d’une valeur de 6,6 millions de dollars américains ; 6 000 m3 de padouk (Pterocarpus soyauxii) d’une valeur de 2,1 millions de dollars et 3 900 m3 de Movingui (Distemonanthus benthamianus Baill) d’une valeur de 900 000 $ US. Ce flux illégal représente un total de 58 millions de dollars US, soit 11% du volume total de bois exporté vers le Vietnam (13% de la valeur totale). Ces volumes et valeurs de souches non autorisées à l’exportation du Cameroun ont été enregistrés par les douanes vietnamiennes comme des importations en provenance du Cameroun.

La tendance à l’exportation axée sur le bois est particulièrement évidente dans le port de Kribi, où des milliers de grumes sont empilées toute l’année, bien avant l’exportation. Entre 2015 et 2018, la valeur des importations de bois du Cameroun au Vietnam était de 82,2% de grumes et seulement 17,7% de produits transformés. Les données officielles montrent que ce commerce du côté camerounais est largement sous-déclaré. Il existe un écart important entre la valeur des produits dérivés déclarés par le Cameroun comme exportés vers le Vietnam et ceux déclarés par le Vietnam comme importés du Cameroun. Cette différence est particulièrement frappante pour le commerce du bois.

420 MILLIONS US$

Entre janvier 2009 et décembre 2017, l’écart total était de 420 millions de dollars (soit 356 millions de dollars pour les grumes et 63 millions de dollars pour les produits transformés). Non seulement la valeur de l’écart a augmenté presque chaque année, mais la proportion de la valeur a également été mal déclarée (de 36 % en 2009 à 54 % en 2017, avec une moyenne annuelle de 41 %). La différence, qui s’élevait en moyenne à 90 millions de dollars par an entre 2015 et 2017, indique une énorme perte de recettes fiscales pour le Cameroun.

Entre 2014 et 2017, les exportateurs camerounais ont déclaré 308 millions de dollars de moins que les importateurs vietnamiens. Chaque semaine, un montant en espèces de 50 millions de francs CFA est transféré du Vietnam au Cameroun, soit plus de 100 000 € pour acquérir du bois d’origine illégale et non durable, mais aussi pour échapper à l’impôt. Et cela dure depuis une décennie.

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